Fête du Travail

La journée internationale des travailleurs, fête des travailleurs, est une fête internationale annuelle célébrant les travailleurs. Elle est l’occasion d’importantes manifestations du mouvement ouvrier. Dans le monde arabe, elle est appelée fête des ouvriers1.

Instaurée à l’origine comme journée annuelle de grève pour la réduction du temps de travail, elle est célébrée dans de nombreux pays du monde le 1er mai. En Amérique du Nord, elle est célébrée officiellement le premier lundi de septembre2,3. Au Royaume-Uni et en Irlande, elle est décalée le premier lundi de mai. En Australie, elle est fêtée à différentes dates proches du printemps ou de


l’automne.

Elle est souvent (mais pas toujours) instaurée comme jour férié légal. Elle est parfois associée à d’autres festivités ou traditions populaires.

Les origines

En France, dès 1793, une fête du Travail est fixée le 1er pluviôse (en janvier), et fut instituée pendant quelques années par Fabre d’Églantine.

En France, au familistère Godin de Guise naît en 1867 la fête du Travail. Jean-Baptiste André Godin venant tout juste d’achever la rédaction de Solutions sociales, la date de la manifestation n’est pas encore arrêtée au premier dimanche de mai, mais le 5 juin. Elle est toujours célébrée aujourd’hui.

Aux États-Unis, au cours de leur congrès de 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là

.

C’est ainsi que le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200 000 travailleurs d’obtenir la journée de huit heures. D’autres travailleurs, dont les patrons n’ont pas accepté cette revendication, entament une grève générale. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.

Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.

C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (Albert ParsonsAdolph FischerGeorge EngelAugust Spies et Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l’inexistence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité.

En 1893, la révision du procès reconnaît l’innocence des huit inculpés ainsi que la machination policière et judiciaire mise en place pour criminaliser et briser le mouvement anarchiste et plus largement le mouvement ouvrier naissant4.

Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies :

« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui5 »


Mise en place

Trois ans plus tard, la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris pour le centenaire de la Révolution française et l’exposition universelle.

Sur une proposition de Raymond Lavigne, elle décide le 20 juillet 1889 de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé)6.

Le 1er mai 1890, l’évènement est ainsi célébré dans la plupart des pays, avec des participations diverses.

Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation tourne au drame : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts (voir la Fusillade de Fourmies et Ravachol).

Avec ce nouveau drame, le 1er Mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.

Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.

En 1920, la Russie bolchévique décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs. Son exemple est suivi dans la plupart des autres pays.

Pie XII institue en 1955 la fête de saint Joseph artisan, destinée à être célébrée le 1er mai de chaque année.

En France

1er mai 1891 – L’échauffourée de Clichy.

Un bouquet de muguet, offert le 1er Mai.

En France, au début du xxe siècle, il devient habituel, à l’occasion du 1er mai, d’offrir un brin de muguet, symbole du printemps en Île-de-France. Une tolérance de l’administration fiscale permet aux particuliers et aux organisations de travailleurs de vendre les brins de muguet sans formalités ni taxes. (Attention, il s’agit de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, car dans ce cas ce serait de la revente, donc pas autorisé)

Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée.

Le 24 avril 1941, le maréchal Pétain, instaure officiellement le 1er Mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale ». À l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé11. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal, saint Philippe. L’églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet.

En 1947, le 1er mai devient, dans le code du travail, un jour férié chômé et payé pour tous les salariés sans conditions12 (mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail). Ce n’est que le 29 avril 1948 qu’est officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le 1er mai.

Beaucoup à gauche voudraient que la fête du Travail redevienne la fête des Travailleurs, rejetant les mesures de Pétain. Par contre l’églantine rouge (d’origine révolutionnaire) n’est plus vraiment une revendication, d’autant que la vente libre du muguet par tous ce jour-là donne l’occasion aux syndicats de rencontrer la population et de faire connaître leurs activités et revendications.

Des manifestations syndicales, voire intersyndicales ou unitaires (selon les années, les revendications et les mouvements sociaux en cours), ont lieu dans les grandes villes de France le 1er mai, la ou les plus importantes d’entre elles ayant traditionnellement lieu à Paris.

N’oubliez pas de visiter le site: http://gifsdomi.wordpress.com